J'ai décidé de ne plus ranger ma chambre...
J’ai fait tout récemment l’acquisition d’une chambre Burke & James 4x5 Press (1946 ?). Ces chambres pliantes ont notamment permis aux photographes se sortir de leurs studios, dans une époque où l'on pouvait commencer à trouver des appareils plus facilement transportables.Très répandues et parfaitement adaptées aux besoins des photographes de presse, ces chambres ont donc contribué très largement à l'évolution et au renouveau du style photographique de leurs utilisateurs, le photographe bénéficiant à la fois d'un plan film grand format (ici 9x12cm), et d'un encombrement réduit.Article de Pascal Canot

chambre Burke & James 4x5 Press
Outil de prédilection de Weegee, (de son vrai nom Arthur Fellig 1899-1968). Photographe américain connu pour avoir entre-autres choses, photographié des scènes de crime, d’accidents, ou de suicides, survenus la nuit dans les rues de Manhattan dans les années 30-40).
Weegee s'était procuré le matériel nécessaire pour rester à l'écoute des radios de la police, et il avait installé dans le coffre de sa voiture un laboratoire ambulant.. Il pouvait fournir aux journaux pour lesquels il travaillait, des photos en un temps record !
Contrairement à Weegee, et n’étant pas (encore) branché sur la fréquence de la police, mes ambitions sont donc plus sages.
1. PREMIERS ESSAIS... qui tournent courts !
Pour les premiers essais, j’ai chargé la chambre avec du papier positif direct, dans le but d’obtenir des photos sans passer par l’étape du négatif. Je trouvais intéressant d’avoir directement un résultat exploitable, une épreuve unique, quasiment comme avec l’utilisation d’un dos Polaroid.
Après plusieurs tentatives, je dois bien dire que les résultats m’ont franchement déçu.
Rien d’exploitable en l’état, je n’ai pas encore percé le mystère du papier positif direct...
Il semblerait que ce papier soit très peu sensible et qu’un pré-flashage s’impose pour ce genre d’utilisation. Il faudra donc insister.
2. ESSAIE ENCORE...
«Ne pas se décourager devant l’échec, c’est déjà une réussite». (Thomas Edison).
Pour ne pas rentrer bredouille de mon expédition, j’ai vite changé de méthode en utilisant un papier traditionnel. Après plusieurs essais, j’ai estimé la sensibilité du papier à 6 ISO. (Ilford Multigrade IV). Les essais consistant simplement à prendre une photo (mesure classique d’exposition avec une cellule) et à la développer immédiatement pour avancer par tâtonnements.
La méthode parfaitement empirique semble la meilleure dans ce domaine et participe grandement pour moi au plaisir de la pratique argentique.
A la question : «Pourquoi faites-vous de l’argentique ?», je réponds simplement : «Parce que mon téléphone ne fait pas de photos.», (ce qui est vrai !). De plus, cette chambre n’étant pas équipée du WIFI, pour partager les photos j’ai une autre méthode bien plus révolutionnaire encore : Faire des tirages.
La question de l'exposition du «négatif papier» étant résolue, le développement standard donne alors rapidement d’excellents résultats. Il faut bien dire que je suis peu habitué à voir des images négatives apparaître dans le révélateur, et que l’expérience est un peu déroutante au début. J'ai donc mes négatifs sur papier.
Reste ensuite à placer dans un beau châssis-presse le négatif papier et une feuille de papier standard pour obtenir par contact un joli tirage final en positif.
On peut alors facilement déterminer le temps d’exposition sous l’agrandisseur (pour mener l’opération avec précision)... bref, rien de bien compliqué, quelques bouts d’essais suffisent.
Photos faites à deux pas du labo pour pouvoir les développer immédiatement, et ne pas perdre de temps inutilement entre chaque essai...
3. LA VRAIE SURPRISE était de constater que malgré l'utilisation de la technique de tirage par contact entre le «négatif» et le positif, papier contre papier, le rendu des détails (netteté, etc) et des contrastes reste très bon et je suis agréablement surpris.
Le format du tirage obtenu est par définition celui du négatif réalisé. Ici du 4x5 (9x12cm environ).
Ah oui, au fait, j’allais oublier de vous parler de la prise en main de la chambre...
J’en ai évidement profité pour explorer la correction des perspectives grâce au décentrement avant, avec quelques photos de bâtiments, pour bien appréhender le principe de son fonctionnement, mais ça, c’est une autre histoire !
Croyez-moi, l’argentique, ça se mérite
CQFD.
Pascal Canot.